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Maxime Thuillez : la sensibilisation comme puissant levier d’action
Rédigé par Mathieu JAHNICH, publié le 29 octobre 2024
Ce nouvel épisode du cycle de témoignages « La communication responsable en action » met en lumière Maxime Thuillez, Rédacteur en Chef du Greenletter Club, qui anime aussi des conférences et des ateliers professionnels comme l’atelier 2 tonnes, la Fresque du climat et la Fresque de la biodiversité.
Extraits :
« J’ai été extrêmement déçu de la manière dont l’environnement et le climat étaient traités, toujours mis au banc, à la dernière place dans le journal, et encore, s’il y avait de la place ! »
« Les fresques du climat ou de la biodiversité sont avant tout des outils de sensibilisation et de vulgarisation. Ensuite c’est aux participants de la fresque, une fois qu’ils sont sensibilisés et conscientisés, de changer leurs pratiques personnelles, professionnelles, politiques. »
« Le fait d’avoir du sens dans mon travail me donne en retour beaucoup d’énergie et je pense que c’est un sentiment commun à toutes les personnes qui font de leur engagement leur métier. On travaille certes beaucoup plus, mais on est bien plus contents et heureux de le faire. »
« Ces sujets vont bouleverser la manière qu’on a de produire, de consommer. L’idée selon laquelle il n’y aura pas de résistance est fausse. Il va y avoir des situations très tendues dans les familles, dans les entreprises et politiquement. La neutralité carbone et le fait de laisser tranquille le vivant vont provoquer un bouleversement des modes de vie tel qu’il n’y en a jamais eu dans l’humanité. Il risque d’y avoir des divergences et des frictions très importantes, il faut en être conscient·e et ne pas être naïf par rapport à ça : ça ne se passera pas dans le calme et la bonne humeur… »
Maxime Thuillez : la sensibilisation comme puissant levier d’action
Bonjour Maxime et bienvenue sur mon blog. En quelques mots, pouvez-vous décrire votre parcours et la fonction que vous occupez actuellement ?
J’ai d’abord débuté par une école de journalisme classique pour m’orienter ensuite vers la télé. J’ai été extrêmement déçu de la manière dont l’environnement et le climat étaient traités, toujours mis au banc, à la dernière place dans le journal, et encore, s’il y avait de la place !
C’est la raison pour laquelle j’en suis parti et c’est ce qui m’a poussé à créer le Greenletter Club, qui est un podcast et une chaîne YouTube. On a fait plus de 120 interviews longues des meilleurs experts sur le sujet de l’écologie, en partant du postulat que le changement climatique et l’effondrement du vivant vont bouleverser l’ensemble de nos activités. On interroge des professionnels sur comment le changement climatique va bouleverser leurs secteurs : des scientifiques, des architectes ou encore des généraux de l’Armée ! En bref, on prend le changement climatique comme base pour traiter ensuite tout un panel de sujets.
Concrètement, comment se traduit votre engagement dans votre activité au quotidien ? Avez-vous le sentiment de faire un métier différent d’avant/des autres ?
Je trouve qu’il y a un vrai problème de traitement de la question climatique et de l’effondrement du vivant dans les médias. Les scientifiques ont souvent des difficultés à faire passer ces idées et thématiques dans le débat public, donc notre rôle c’est d’essayer de les vulgariser et de les expliciter pour qu’elles soient les plus compréhensibles et accessibles.
Ensuite sur la partie business modèle, on propose des formations pour les journalistes et pour tous ceux qui veulent être formés sur ces questions.
En tant que fresqueur, pensez-vous que les fresques (climat, biodiversité…) peuvent mener à l’action au-delà de l’action de sensibilisation ?
Pour moi la fresque, c’est avant tout un outil de sensibilisation et de vulgarisation. Ensuite c’est aux participants de la fresque, une fois qu’ils sont sensibilisés et conscientisés, de changer leurs pratiques personnelles, professionnelles, politiques.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?
La principale difficulté c’est le manque de moyens. On ne veut pas faire de publicité et c’est donc difficile de se financer. On a cette volonté de se développer mais le manque de moyens est notre obstacle principal.
À l’opposé, quelles sont les satisfactions que vous trouvez dans votre activité ? Où puisez-vous votre énergie ?
Le fait d’avoir du sens dans mon travail me donne en retour beaucoup d’énergie et je pense que c’est un sentiment commun à toutes les personnes qui font de leur engagement leur métier. On travaille certes beaucoup plus, mais on est bien plus contents et heureux de le faire.
Faire de l’engagement son métier permet aussi de diminuer sa charge d’éco-anxiété. De nouveau c’est un sentiment que je partage avec bon nombre de professionnel·les dans le domaine.
Enfin, le témoignage des auditeurs est pour moi très précieux. De nombreuses personnes nous disent avoir changé de métier après avoir écouté les interviews du Greenletter Club. D’autres ont même lancé des activités dans l’environnement, ou ont réussi des concours sur des sujets environnementaux. C’est gratifiant de se sentir utile, de sentir qu’on arrive à faire bouger les choses et à inciter les autres à faire de même.
On voit donc bien que la sensibilisation peut être un levier d’action puissant. Toutes les initiatives qui permettent de vulgariser des sujets complexes, permettent ensuite d’avoir un terreau fertile pour le changement des mentalités et des habitudes. La sensibilisation est une étape décisive.
Pouvez-vous nous présenter un ou deux projets/réalisations dont vous êtes particulièrement fier ?
Je n’en ai qu’un : le Greenletter Club, c’est mon bébé, c’est le projet dont je suis fier !
Mais je forme aussi des journalistes, dont certains qui font partie de grandes rédactions. Je suis très fier de réussir à leur faire prendre conscience de certains sujets et de leur amener des outils qui leur permette au quotidien de changer leurs pratiques, car je sais que ça leur est utile. Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’ils puissent changer la couverture qu’ils ont des questions écologiques et climatiques au sens large.
Pour terminer, avez-vous un conseil à donner ou une idée force à transmettre aux lecteurs de ce blog ?
Il y a pour moi une chose importante à avoir en tête : la compréhension des enjeux climatiques et de biodiversité est un chemin qui prend du temps et tout le monde passe par les mêmes étapes. Finalement quand on comprend le problème, les solutions qui apparaissent sont assez simples et cohérentes, et passent notamment par une réduction forte de la manière dont on consomme.
Mon second conseil, serait de bien avoir en tête que ce sont des sujets qui sont très politiques car très intimes. Ils vont bouleverser la manière qu’on a de produire, de consommer. L’idée selon laquelle il n’y aura pas de résistance est fausse. Il va y avoir des situations très tendues dans les familles, dans les entreprises et politiquement. La neutralité carbone et le fait de laisser tranquille le vivant vont provoquer un bouleversement des modes de vie tel qu’il n’y en a jamais eu dans l’humanité. Il risque d’y avoir des divergences et des frictions très importantes, il faut en être conscient·e et ne pas être naïf par rapport à ça : ça ne se passera pas dans le calme et la bonne humeur…
Pour suivre l’actualité de Maxime, connectez-vous à son profil LinkedIn et, bien sûr, rejoignez le Greenletter Club !
Note : cette interview a été réalisée par Elisa Gallet, de RP Digital.
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