Pura Terra : le spa qui détoxifie votre corps et la planète en même temps

Dans ce 12e numéro de la newsletter Greenwashing News, je vous emmène au Québec, à la découverte d’un spa qui « utilise les gaz à effet de serre pour alimenter des installations thermales nouvelle génération ».

Le premier « spa éco-conscient au monde »

Voici les principaux arguments de vente de ce spa présentés sur un site web et sur les réseaux sociaux (Instagram, Facebook) :

• « Un corps revivifié. Une planète purifiée ».
• « Le premier spa qui détoxifie aussi la planète »
• « Et si on pouvait faire du bien à la planète tout en prenant soin de soi ? »
• « L’empreinte carbone de Pura Terra ne se contente pas d’être neutre : elle est négative. Nos installations consomment plus de gaz à effet de serre qu’elles n’en rejettent, contribuant ainsi à détoxifier la planète, et vous aussi ! »
• « Tous les produits utilisés durant les soins sont 100% bio, vegan et pensés dans une optique 0 déchet. »

  

Une offre exclusive de pré-ouverture

La marque nous invite ensuite à participer à un concours pour essayer de gagner un accès gratuit pour deux personnes. Il nous est demandé de répondre à « 4 petites questions » :

1. Qu’est-ce qui vous séduit le plus chez Pura Terra ? La beauté des lieux / L’engagement environnemental / Les soins éco-responsables
2. Pour vous, protéger la planète, c’est : Primordial / Difficile / Pas important
3. Pour vous, le soin beauté idéal, c’est : 100% naturel / 0 déchet / Carboneutre
4. Est-ce que Pura Terra vous semble un peu trop beau pour être vrai ? Oui / Juste un peu, mettons / Maintenant que vous le dites…

Vous êtes surpris·e ? C’est tout le but de l’opération !

  

Un coup publicitaire de l’association Équiterre

C’est en cliquant sur la dernière réponse que l’on découvre que la marque Pura Terra, l’offre de spa « éco-conscient » et les outils marketing sont faux : tout a été créé par l’association Équiterre dans le cadre d’une campagne de lutte contre la désinformation.

Équiterre a conçu cette fausse campagne de publicité « pour montrer comment c’est facile en 2025 de faire de la désinformation ».

Dans une vidéo, Marie-Ève Bélanger-Southey, chargée de projet en mobilisation, nous explique comment l’association a « réussi à [nous] faire croire à une entreprise, mais surtout à ses vertus écologiques, alors que tout ça était inventé de A à Z ! »

• Ouvertures de pages sur les réseaux sociaux. « On voit que ce sont des pages très récentes, qui n’ont pas d’historique, qui ont peu de publications et très peu d’abonnés ».
• Création d’un site web « avec une apparence léchée, crédible, pour donner confiance au public ». « Sur le site on s’est mis à faire des affirmations plutôt farfelues. Des fois, quand c’est trop beau pour être vrai, c’est que c’est pas vrai. »
• « Pour rendre l’illusion la plus complète, on a utilisé l’intelligence artificielle pour créer des images pour donner l’impression que notre site existait » « C’est un des grands dangers de notre époque. L’intelligence artificielle est rendue tellement efficace pour créer des contenus et des images que ça facilite énormément la désinformation ».

« La campagne qu’on a faite, c’était pour faire la promotion d’un faux spa. C’est relativement inoffensif. Malheureusement, il y a des cas de désinformation beaucoup plus graves qui ont impliqué des gouvernements étrangers, des entreprises dont le but était d’influencer l’opinion publique, le choix des consommateurs ou les décisions politiques. C’est pour cela qu’il faut rester vigilant et garder son sens critique aiguisé quand on regarde des contenus sur Internet ».

L’association propose d’ailleurs un « guide d’autodéfense contre la désinformation » qui détaille 4 manières de se protéger : faire le ménage, se retenir de partager, contre vérifier et observer.

  

Merci à Annie Picard, du collectif Masse Critique, pour avoir repéré cette campagne ingénieuse.