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Fanny Hugé : la sensibilisation des parties-prenantes est une des clés du changement
Rédigé par Mathieu JAHNICH, publié le 12 mars 2021
Le cycle de témoignages « La #comresponsable en action » se poursuit avec Fanny Hugé, responsable marketing, communication et RSE de la start-up AppCraft, plateforme digitale de gestion d’événements engagée dans une démarche de certification ISO 20121.
« Au quotidien, je développe des stratégies qui nous permettront de réduire encore plus notre impact écologique. En effet, déjà bien engagés sur ce terrain-là, notamment avec le développement de produits 100% français et une utilisation de datacenters implantés en France. Nous développons des applications mobiles et plateformes internet et il faut trouver un moyen de les recycler en réutilisant nos applications, en codant différemment et de manière responsable, ou même en diminuant au maximum le poids de notre site internet. » « Mais je travaille aussi sur des stratégies pour sensibiliser nos parties-prenantes, car c’est aussi là la clé du changement. Il faut les inciter à rejoindre le mouvement et le renforcer. Pour cela, l’humour ou l’exposition de faits positifs sont souvent très engageants. » « J’ai le sentiment d’avoir un métier qui fait la différence et qui peut impacter, dans le bon sens, les gens et la planète ».
Fanny Hugé : « la sensibilisation des parties-prenantes est une des clés du changement »
Bonjour Fanny et bienvenue sur mon blog. En quelques lignes, pouvez-vous décrire votre parcours et la fonction que vous occupez actuellement ?
Lors de mes études en Business International, il m’a été donné l’opportunité de voyager et de rencontrer plusieurs profils de personnes. C’est lors de ces rencontres que j’ai appris à connaître les enjeux de la RSE et du DD.
Parfois je rencontrais des personnes qui œuvraient pour la sensibilisation de ces enjeux autour d’eux. D’autres fois, au contraire, en rencontrant des personnes qui n’avaient jamais été confrontées à ces sujets. Je me souviens notamment de mes séjours en Australie et aux USA où les personnes n’avaient parfois même pas les réflexes ‘basiques’ comme éteindre le robinet en partant de la salle de bain ou fermer le frigo en sortant de la cuisine (véridique !).
De plus, je pense être de la génération qui s’aperçoit que le temps nous est compté et qu’il faut agir maintenant. Après tout, nous n’avons pas de planète B (ou en tout cas, pas encore).
C’est ainsi que j’ai décidé de me tourner vers une fonction qui était alignée avec mes valeurs personnelles : notamment sur les sujets de l’équité sociale et du développement durable. J’ai donc postulé à diverses offres qui mettaient ces valeurs en avant, dans des entreprises qui souhaitent changer les choses. C’est ainsi que je suis devenue la Responsable Marketing, Communication et RSE de la start-up AppCraft.
À quel moment avez-vous « basculé » dans une approche plus responsable de votre métier ? Savez-vous ce qui a provoqué votre prise de conscience ?
J’ai toujours été sensibilisée aux questions de la responsabilité. Que ce soit de la responsabilité personnelle de chacun ou de la responsabilité des entreprises. Pour moi, il n’y a qu’en se responsabilisant que l’on pourra changer les choses. Et nous avons besoin de ce changement !
Nous voyons bien que notre système de vie actuelle n’est pas pérenne. Les catastrophes naturelles, les températures, les virus (et pandémies) qui vont être de plus en plus courant, etc. Tout cela est signe que nous ne pouvons plus continuer ainsi.
Je vois tous les jours des personnes qui n’adoptent pas des gestes pourtant très simples alors que des tas de solutions existent. En me renseignant j’ai découvert des milliers de solutions viables, implémentables facilement et rapidement, qui parfois ne coûtent absolument rien ! Et pourtant, nous ne les mettons pas en place.
À l’échelle d’une personne, cela peut parfois être compliqué c’est vrai. Mais à l’échelle d’une entreprise, cela le devient moins. C’est pour cela que je voulais absolument intégrer une structure qui me permettrait d’amorcer un changement. Je ne me voyais pas travailler autrement. Aujourd’hui je développe la stratégie RSE déjà très poussée par AppCraft avant mon arrivée. La société souhaite une stratégie ambitieuse car nous croyons tous qu’il est urgent d’agir en ce sens.
Concrètement, comment se traduit votre engagement dans votre activité au quotidien ? Avez-vous le sentiment de faire un métier différent d’avant/des autres ?
Oui j’ai ce sentiment-là. D’avoir un métier qui fait la différence et qui peut impacter, dans le bon sens, les gens et la planète.
Au quotidien, je développe des stratégies qui nous permettront de réduire encore plus notre impact écologique. En effet, AppCraft est déjà bien engagé sur ce terrain-là. Notamment avec son développement de produits 100% français et une utilisation de data-centers uniquement présents en France. Nous développons des applications mobiles et plateformes internet, et au même titre que des produits physiques, il faut trouver un moyen de les « recycler ». Ainsi, nous essayons tous les jours de pallier ce problème en réutilisant nos applications, en codant différemment et de manière responsable (oui certaines techniques existent), ou même en diminuant au maximum le poids de notre site internet.
Mais je travaille aussi sur des stratégies pour sensibiliser nos parties-prenantes, car c’est aussi là la clé du changement. Seuls, nous pouvons avoir un impact, mais il ne sera véritablement efficace que si nous sommes plusieurs (et le plus possible). Ainsi, nous participons à plusieurs formations et diverses discussions pour former nos collaborateurs en interne. Pour ce qui est de l’externe, nous essayons au maximum d’avoir un discours clair en développant divers supports transmis à nos collaborateurs, des événements autour de l’environnement où l’on invite nos partenaires et clients, etc.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ? Y a-t-il des idées reçues contre lesquelles vous devez lutter ?
Je pense qu’il y a plusieurs difficultés.
Cela peut être le manque de temps des personnes, qui sont déjà très prises sur d’autres sujets et n’ont pas le temps de se pencher sur ces sujets-là.
Cela peut également être l’idée qu’elles se font du Développement Durable. J’ai parfois l’impression qu’elles pensent que c’est un chantier énorme, où il est très difficile d’avoir un impact personnel. Je pense que la plupart des gens ne savent pas qu’il existe des solutions gratuites, faciles et à fort impact à leur disposition. Qu’ils se disent « à quoi bon ? » ou « cela ne va pas vraiment changer les choses si je jette ce plastique dans la poubelle au lieu du recyclage ».
Mais le plus gros danger selon moi est l’impression que certaines personnes ont de ne pas être concernées par ces sujets. En effet, on mène la vie qui nous plait et recycler ou acheter des produits sans plastique peut être une contrainte. Pourquoi être serré dans le métro si on peut être tranquille dans sa voiture ? Après tout nous n’avons jamais vécu d’ouragan dévastateur comme aux USA ou de sécheresse comme dans certains pays d’Afrique. C’est que la situation n’est pas si grave.
Mais la vérité est que nous voyons tous les jours la dégradation de la situation, nous fermons juste les yeux ou pensons que nous ne sommes pas individuellement responsables. C’est face à ce genre de réaction qu’il m’arrive parfois d’être découragée. Face aux personnes qui jettent leur emballage sur le trottoir alors que la poubelle n’était qu’à 2 mètres d’eux…
À l’opposé, quelles sont les satisfactions que vous trouvez dans votre activité ? Où puisez-vous votre énergie ? Est-ce que vous aimez votre travail/activité et pourquoi ?
À l’opposé je suis reboostée par les actions de certaines personnes. Au sein d’AppCraft par exemple, personne n’utilise la voiture pour venir travailler. Le vélo est pas mal en vogue et même la marche à pieds (alors qu’il faut une heure de marche à ce collaborateur pour atteindre les bureaux !)
Je suis aussi contente de voir que je travaille avec des personnes qui se sentent concernées et qui veulent encore plus s’engager. Nous repensons la manière de développer notre produit, de l’utiliser, de sensibiliser nos clients. Et cela a de l’impact.
Je suis également heureuse de voir que de plus en plus d’entreprises s’engagent sur cette voie et que la communication est de plus en plus responsable. Je vois notamment sur LinkedIn plusieurs initiatives prometteuses d’entreprises qui prouvent leur engagement sur le long terme et diffusent un message positif. Agir de manière responsable n’est plus marginal. Cela montre que la prise de conscience est bien amorcée et qu’elle va continuer à se développer.
Pouvez-vous nous présenter un ou deux projets/réalisations dont vous êtes particulièrement fière ?
Une des actions très importante pour AppCraft a été son partenariat avec Le Ouaï lors de la Journée de l’Événement Responsable. Ce partenariat a pour nous été l’occasion de prendre un temps de réflexion sur notre propre responsabilité et la part que doivent prendre les prestataires événementiels dans ce combat. Mais cela a également été un temps d’échanges avec un panel d’intervenants associatifs et professionnels pour travailler de concert. Nous y avons réaffirmé notre engagement en faveur du développement de solutions paperless, peu gourmandes en data et hébergées en France. Enfin nous avions abordé la possibilité de réconcilier l’éphémère d’un événement avec des solutions digitales durables pour engager vos communautés sur le long terme.
C’est aussi à la suite de moments comme celui-ci que nous avons décidé de nous faire certifier ISO 20121. Cet objectif 2021 rentre dans notre vision d’une organisation événementielle respectueuse de l’environnement et des piliers du Développement Durable. C’est un projet fastidieux mais très motivant pour AppCraft.
Pour terminer, avez-vous un conseil à donner ou une idée force à transmettre aux lecteurs de ce blog ?
Je pense qu’il ne faut pas baisser les bras. Déjà en tant que personne mais surtout en tant que professionnel de la communication. Surtout pas maintenant que le sujet commence à prendre du poids !
Il faut continuer de sensibiliser les personnes (parties-prenantes ou personnes complètement externes à notre activité). Il faut les inciter à rejoindre le mouvement et le renforcer. Pour cela, l’humour ou l’exposition de faits positifs sont souvent très engageant. En effet, l’enjeu est surtout d’intéresser les personnes à ce sujet, les sensibiliser et leur faire prendre conscience. Donc la culpabilisation peut moins bien fonctionner. C’est en touchant les personnes et en leur montrant ce qu’ils peuvent gagner à être plus responsable qu’ils deviendront eux-mêmes ‘ambassadeur du mouvement’ et qu’ils tenteront à leur tour de changer les choses.
C’est pour cela que nous (professionnel de la communication) devons trouver les bons mots et bons canaux pour faire ce travail. Mettre à disposition nos compétences pour rallier un maximum de personnes autour de nous, voire à l’autre bout du monde (merci internet pour cette opportunité). Il faut ainsi, je pense, communiquer moins mais mieux.
Mais attention à ne surtout pas faire de greenwashing, il faut être transparent et prouver nos actions pour engager les communautés !
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La #comresponsable en action
Dans le contexte actuel de remise en question de la filière communication, le cycle d’entretiens « La #comresponsable en action » valorise les professionnelles et les professionnels qui s’engagent dans des pratiques plus responsables. Chez l’annonceur, en agence ou freelance, dans le privé, le public ou le secteur non-marchand, avec une certaine expérience ou un regard neuf… toute la diversité de la filière communication est représentée. Quel a été leur parcours ? Quelles sont les difficultés rencontrées et les sources de satisfaction ? Quels sont les projets dont elles ou ils sont particulièrement fières et fiers ?
Retrouvez sur cette page la liste de tous les témoignages.
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