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Fin de l’anonymat lors du signalement d’une publicité trompeuse au JDP

Rédigé par Mathieu JAHNICH, publié le 03 septembre 2024

Début juillet, j’ai déposé plusieurs plaintes auprès du Jury de déontologie publicitaire, dont celle relative à la publicité pour l’Apple iPad. J’ai alors appris que le règlement intérieur du JDP avait été modifié.

L’article 11 sur la recevabilité des plaintes comporte un nouveau point, formulé ainsi : « 6. Le plaignant particulier intervient à titre privé. S’il exerce une activité professionnelle ou associative dans le domaine publicitaire, intervient pour tout groupe d’intérêt en lien avec la publicité en cause, il doit déposer sa plainte en toute transparence en mentionnant son appartenance à une personne morale. »

Afin que ma plainte soit recevable, j’ai donc été contraint de préciser : « plainte déposée à titre privé par Mathieu Jahnich, consultant en communication responsable et gérant de MJ Conseil ». Cette mention est transmise aux parties concernées et apparaît dans l’avis publié sur le site du JDP (cf. capture d’écran ci-dessous). Concrètement, l’anonymat du plaignant ou de la plaignante n’est plus respecté.

Jusqu’à présent l’identité et l’activité professionnelle ou associative de la personne ayant sollicité l’avis du JDP n’étaient pas communiquées à l’annonceur. Je m’interroge donc sur le potentiel effet dissuasif de cette nouvelle obligation. Certaines personnes vont-elles renoncer à signaler une publicité trompeuse pour éviter que leur identité ne soit communiquée à l’annonceur, l’agence, la régie publicitaire concernée puis publiée sur le site du JDP ? La fin de l’anonymat va-t-elle s’accompagner d’une baisse du nombre de plaintes auprès du JDP ?

Il y a quelques jours, Thierry Libaert publiait dans Le Monde une tribune sévère sur la mise en œuvre du volet publicité de la loi Climat et résilience et la lutte contre le greenwashing.

« Trois ans après [la loi Climat et résilience], force est de constater l’absence de toute avancée significative sur ces sujets. Comparativement aux préconisations de la convention citoyenne, il s’agit d’un échec total. En dehors de quelques mesures symboliques, à l’exemple de l’interdiction de la publicité relative à la promotion des énergies fossiles (article 7) ou de celle de l’allégation de neutralité carbone (article 12), aucune mesure structurante n’a été adoptée, et les pratiques de greenwashing continuent de prospérer. »

Cette modification du règlement intérieur du JDP s’inscrit selon moi dans cette dynamique négative. La fin de l’anonymat risque de freiner les lanceuses et lanceurs d’alerte et de réduire le nombre de signalements, alors qu’il faudrait augmenter la pression sur les marques, leurs agences et les régies, pour lutter plus efficacement contre le greenwashing.

Capture d'écran d'un avis du JDP qui affiche mon identité.

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