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Céline Brémont : dire le verre à moitié plein et l’ambition de le remplir totalement

Rédigé par Mathieu JAHNICH, publié le 13 décembre 2023

Dans cet épisode du cycle « La #comresponsable en action », j’ai le plaisir de vous présenter Céline Brémont, spécialiste de la communication et experte en RSE.

Extraits :

« Je gère des projets ou rédige des contenus RSE pour tous types de secteurs […] Partout où l’énergie des hommes prend sens pour changer de modèle, j’essaie d’en être témoin et passer les idées, les initiatives, relater le progrès par les mots. J’y mets de la pédagogie et de l’enthousiasme, car je crois beaucoup à ces deux valeurs pour créer un effet boule de neige ».

« Je crois que le consommateur et le citoyen sont replacés au centre de la communication et de l’action et non plus envisagés comme de simples récepteurs de messages. Enfin ! »

« Je crois aussi beaucoup à la vision de Cyril Dion sur la nécessité de construire des récits positifs, inspirants pour accompagner le changement. C’est même prouvé par les neurosciences : l’humain fonctionne par mimétisme. J’en ai besoin également à titre personnel pour ne pas sombrer dans le pessimisme face au dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Mettre en lumière ce qui avance (et le rendre intelligible) me semble une belle façon d’embarquer le plus grand nombre. »

« Être responsable c’est faire évoluer l’entreprise, l’organisation sans pour autant la mettre en danger. Cela prend parfois du temps, mais globalement je trouve que le niveau de compréhension des enjeux et la lecture des indicateurs ont beaucoup progressé. Mon métier est d’écouter et relater. J’aime être cette oreille attentive et lucide face à mes clients. Et j’aime être cette plume en nuance qui dit le verre à moitié plein et l’ambition de le remplir totalement en explorant les meilleures solutions. »

Céline Brémont : dire le verre à moitié plein et l’ambition de le remplir totalement

Bonjour Céline, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. En quelques lignes, pouvez-vous décrire votre parcours et la fonction que vous occupez actuellement ?

J’ai étudié la communication et le journalisme au CELSA, à l’UPEC et au CUEJ (Centre Universitaire de Journalisme de Strasbourg) où je me suis spécialisée en gestion digitale de l’information.

J’ai donc exploré pendant 15 ans – à ses débuts – le contenu en agence en ouvrant la voie digitale de nombreux acteurs français puis sur le portail AOL, un terrain de jeu vraiment grisant. La vie et la curiosité m’ont ensuite amenée sur la voie de l’alimentation et de la RSE en rejoignant le réseau militant Biocoop, puis l’agence de communication responsable Sidiese. Aujourd’hui chef d’orchestre de mon activité en tant qu’indépendante, je propose mes compétences et savoir-faire, en fonction des moments, des rencontres et surtout des envies : beaucoup de rédaction, de la gestion de projet, de l’animation d’ateliers, des cours…

À quel moment avez-vous « basculé » dans une approche plus responsable de votre métier ? Savez-vous ce qui a provoqué votre prise de conscience ?

Pionnière dans le secteur de la communication digitale à la fin des années 90, j’ai passé 15 années passionnantes mais, il faut être honnête, j’ai fini par souffrir du manque de sens de mon activité. Du virtuel au gadget il n’y avait qu’un pas et je le ressentais. Le virage responsable est au départ très personnel avec l’arrivée d’un enfant très allergique : j’ai questionné nos modes de vie, notre environnement et notre alimentation. J’ai poussé cette logique en reprenant le chemin de l’école et en étudiant la naturopathie. C’est grâce à cette approche holistique que j’ai ensuite rejoint le réseau bio et militant Biocoop. J’ai assuré la communication, l’organisation des animations d’un réseau en IDF, le lancement du concept d’un restaurant bio et vegan également. Ce furent 5 belles années pour explorer les liens entre environnement et santé, la responsabilité sociale et environnementale du secteur alimentaire et des modes agricoles.

Mon chemin a alors croisé l’agence de communication responsable Sidiese, où j’ai accompagné l’Agence Bio dans sa communication et ses événements pendant 2 ans. Aujourd’hui je gère des projets ou rédige des contenus RSE pour tous types de secteurs : alimentation, économie circulaire, immobilier, textile, énergie, logistique… Partout où l’énergie des hommes prend sens pour changer de modèle, j’essaie d’en être témoin et passer les idées, les initiatives, relater le progrès par les mots. J’y mets de la pédagogie et de l’enthousiasme, car je crois beaucoup à ces deux valeurs pour créer un effet « boule de neige ».

Concrètement, comment se traduit votre engagement dans votre activité au quotidien ? Avez-vous le sentiment de faire un métier différent d’avant/des autres ?

Très clairement oui ! Nous sommes en train progressivement de basculer de l’économie de la surproduction (donc de la perte de sens puisqu’on produit coûte que coûte peu importe les besoins et la demande) à celle de la fonctionnalité et de la circularité (où la valeur d’usage prime). Je crois donc que le consommateur et le citoyen sont replacés au centre de la communication et de l’action et non plus envisagés comme de simples récepteurs de messages. Enfin ! La valeur des savoir-faire, de l’humain, des matières premières est revisitée, l’innovation sert aujourd’hui de plus en plus l’économie environnementale, pas la croissance et la production effrénée. Place à la pédagogie, à l’objectivation, à la communication sur le progrès, à l’engagement.

Je crois aussi beaucoup à la vision de Cyril Dion sur la nécessité de construire des récits positifs, inspirants pour accompagner le changement. C’est même prouvé par les neurosciences : l’humain fonctionne par mimétisme. J’en ai besoin également à titre personnel pour ne pas sombrer dans le pessimisme face au dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Mettre en lumière ce qui avance (et le rendre intelligible) me semble une belle façon d’embarquer le plus grand nombre. C’est aussi dans cette optique que je donne des cours à des étudiants en Master 2, ceux qui vont transformer demain !

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ? Y a-t-il des idées reçues contre lesquelles vous devez lutter ?

Oui il y a des réticences, voire des animosités… Lorsque je travaillais dans l’agence Sidiese pour le Synabio (le syndicat des marques engagées en AB) nous avons signé une campagne « Sinon il y a la bio », une longue page presse dénonçant les additifs autorisés en agriculture conventionnelle et interdits en bio complétée par un site de décodage du label, des pratiques de l’AB. En gérant les réseaux sociaux et la déferlante sans nuance des détracteurs du bio qui s’ensuivit, j’ai eu des moments de doute… les lobbys auraient-ils raison du modèle de société plus soutenable que nous essayons de porter ? Nous vivons en effet une période où la réticence au changement se traduit par une très forte agressivité, le cas de Yuka face au lobby des industriels de la charcuterie le prouve encore. Il y a des résistances et des forces économiques puissantes. Dans l’ensemble, je travaille plutôt sur du BtoB, c’est donc beaucoup moins clivé mais l’exigence de précision, de transparence me fait souvent plonger dans des faits et données malheureusement assez décourageants…

À l’opposé, quelles sont les satisfactions que vous trouvez dans votre activité ? Où puisez-vous votre énergie ?

J’ai l’immense chance de travailler pour des clients (ou des clients d’agences) qui s’engagent réellement. Certes, cela ne va pas encore assez vite, mais lorsque je rédige une tribune, un article, un rapport RSE, un cahier de tendances ou encore une charte interne de communication responsable, j’ai face à moi la réalité du monde d’aujourd’hui : des acteurs économiques en pleine transition, qui doivent convaincre leurs parties prenantes, faire de la pédagogie, prendre des risques mais aussi protéger leurs salariés, leurs clients. Être responsable c’est faire évoluer l’entreprise, l’organisation sans pour autant la mettre en danger. Cela prend parfois du temps, mais globalement je trouve que le niveau de compréhension des enjeux et la lecture des indicateurs (depuis que l’exercice du bilan carbone se généralise en particulier) ont beaucoup progressé. Alors qu’auparavant nous avions souvent des progrès très modestes à mettre en avant – nous accompagnons désormais des changements profonds de vision sociétale des entreprises. Elles revisitent profondément leurs achats ou leurs modes de production, tout en sachant que cela prend du temps de transformer leur écosystème. Il est évident que la directive CSRD qui arrive va accélérer les choses encore. Mon métier est d’écouter et relater. J’aime être cette oreille attentive et lucide face à mes clients. Et j’aime être cette plume en nuance qui dit le verre à moitié plein et l’ambition de le remplir totalement en explorant les meilleures solutions.

Pouvez-vous nous présenter quelques projets/réalisations dont vous êtes particulièrement fière ?

Les années passent et les projets défilent ! Le travail de conception-rédaction responsable, plus encore lorsqu’on travaille sur plusieurs supports et sur le long terme avec le même client, permet d’aller en profondeur dans ses problématiques et de le voir évoluer dans son action et son engagement. Nous progressons ensemble.

C’est le cas pour de nombreux projets que j’ai menés aux côtés de l’agence Sidiese notamment : le rapport RSE d’Hennessy, celui d’Heppner, le travail sur le Pacte « Restaurons Demain » du Groupe Compass, les Cahiers de tendance de l’économie circulaire de Citeo… Plus on connaît l’entreprise, son modèle d’affaire, sa stratégie et ses projets responsables, plus on est pertinent dans l’approche éditoriale. Cela permet d’aller plus vite au cœur du sujet, de bien en expliquer les tenants et aboutissants et surtout, de mettre en lumière l’évolution, la transformation, les progrès.
Ces récits qui prennent racine dans le réel m’animent pleinement !

J’ai par ailleurs, ces dernières années, consacré du temps à l’éducation. J’ai ainsi conçu et animé des ateliers pour des scolaires (de la maternelle au collège) sur les sujets de la protection de la biodiversité, de la réduction des déchets, sur la pollution numérique. Je crois beaucoup à l’éveil des consciences des jeunes générations.

Je forme également des étudiants de Master 2 aux enjeux de la RSE et de la communication responsable. J’ai ainsi accompagné pendant deux ans, des M2 à l’INSEEC de Chambéry, un cursus spécialisé dans l’économie du Sport (il y a de quoi faire dans ce secteur !) et, cette année, des M2 de la Klima School – jeune école qui forme des étudiants aux enjeux de la transition. L’analyse, la réflexion, le débat sont clés dans l’évolution sociétale plus responsable à laquelle – comme d’autres – j’aspire. Enseigner est une forme de discipline que je m’impose. Parce que je me sens redevable envers les générations qui suivent d’une transmission, mais aussi parce que j’ai envie de partager, d’échanger avec eux. Ensemble, nous pouvons imaginer de nouveaux modèles sociétaux fondés sur la recherche de solutions collectives. C’est à cette seule condition que nous pourrons partager un avenir plus juste pour notre environnement et pour nous-mêmes.

Pour terminer, avez-vous un conseil à donner ou une idée force à transmettre aux lecteurs de ce blog ?

« Engagez-vous qu’ils disaient ! »
Mettons notre énergie au service des générations futures pour créer de nouveaux modèles plus vivables, plus durables, plus souhaitables ! Que ce soit dans votre quotidien, dans votre job et/ou des actions bénévoles, essayez d’être inspirant à l’échelle qui vous convient, engagez-vous, l’action est la meilleure façon d’avancer (plus) sereinement et surtout la seule pour convaincre d’autres de rejoindre le mouvement… le meilleur réseau social, c’est le vôtre !

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