Une marque d’eau en bouteille est-elle légitime pour animer un site proposant des activités (plus ou moins) écolos comme faire soi-même sa crème hydratante, construire des abris à oiseaux, visiter un parc d’aventure ou s’engager pour une ONG ? Je ne pense pas. C’est pourtant ce que propose Volvic sur son site « petit volcan ».
Volvic « inaugure une nouvelle plate-forme de communication » intitulée « Volcanisez-vous » apprend-on dans la newsletter du jour de Stratégies. Rien de nouveau côté pub, le groupe nous ressert une rasade d’arguments marketing qui marchent depuis des décennies.
Ce qui a attiré mon attention apparaît à la fin de la nouvelle : « Un nouveau site web, www.volvic.fr/lepetitvolcan, « générateur d’idées vertes » (balades, expositions et jeux à découvrir en famille), doit être mis en ligne prochainement. ».
Le site est déjà en ligne. Il propose :
- des activités gratuites ou payantes : réaliser sa crème hydratante maison, visiter le village des tortues (dans le Var), la Maison de l’environnement de Franche-Comté ou la ferme de Bel Air (dans l’Essonne)…
- des propositions d’engagement auprès d’ONG plus ou moins connues : bricoler des abris pour les oiseaux dans votre jardin avec l’aide de la LPO Champagne-Ardenne, partir en congé solidaire avec Planète Urgence, soutenir les Amis de la Terre, devenir bénévole de Greenpeace ou d’ADEF Fougerolle…
Une fois inscrit (+ 50 points), selon que vous ajouter une action à vos « coups de coeur », que vous partagez l’info ou que vous ajoutez un commentaire, vous « gagnez » 5, 10 ou 20 points. Si vous créez une idée : + 50 points également. Pour chaque point collecté, Volvic s’engage à puiser 10 litres d’eau au Sahel dans le cadre d’un partenariat avec l’Unicef.
Cette opération appelle de nombreuses questions :
- Est-ce le rôle d’une marque comme Volvic de mettre en place ce genre de site communautaire ? Mon avis est qu’elle s’éloigne franchement de son cœur de métier. Le maximum est-il fait pour réduire les impacts sociaux et environnementaux associés à la fabrication, à l’usage et à la fin de vie des produits commercialisés ? Bien sûr que non !
- Sur le fond, n’est-ce pas bizarre de proposer des activités aussi disparates ? Je m’attendais à trouver un ancrage géographique commun (les volcans d’Auvergne) à toutes ces actions. Mais non, ça part dans tous les sens.
- Et puis les diverses enseignes (parcs d’aventure et autres parcs animaliers) paient-elles un droit d’entrée pour apparaître sur le site ? Est-ce de la publicité gratuite ? Y a-t-il un comité de sélection des propositions d’activités et quel est le cahier des charges ?
- Quant aux ONG, je doute qu’elles soient au courant de cette action et qu’elles apprécient cette proximité affichée avec Volvic. En effet, les industriels de l’eau en bouteille participent notamment à la pollution de l’environnement par les déchets plastiques et à la surexploitation des ressources.
- Côté partenariat avec l’Unicef, j’aimerais avoir plus de précisions. En particulier, le montant qui sera in fine versé par Volvic est-il déjà prédéfini (j’imagine que oui) et est-il réellement lié à l’engagement du public sur le site ? À combien se monte-t-il et combien coûte l’opération « Le p’tit volcan » ?
Formez-vous.
Les derniers articles