Graffiti inversé : gratter la pollution pour s’exprimer

janvier 18, 2012

Que se soit en frottant avec les doigts, une brosse ou un jet d’eau sous pression, le principe du graffiti inversé est le même : faire apparaître un message en retirant la couche de suie et de poussière d’une surface urbaine. Cette technique prend tout son sens lorsque le message en question interpelle notre usage de l’automobile et notre vision de la ville moderne.

Un exemple récent de reverse graffiti a été relayé sur le site Osocio. Une bande de copains brésiliens a décidé de valoriser la pratique du deux-roues et de pointer du doigt la pollution générée par les automobiles. Ils ont ainsi dessiné en négatif sur les vitres ou carrosseries des véhicules, salies par la pollution, des messages explicites comme : « Prendre le vélo n’est pas aussi polluant/salissant » (Bike não suja tanto). Ce qui est remarquable, c’est que la voiture, source et symbole de pollution, devient le média qui diffuse le message écolo.

Toujours au Brésil, citons Alexandre Orion. Cet artiste de rue se fait connaître en 2006 en dessinant une série de crânes sur les murs d’un tunnel autoroutier de São Paulo. Particularité : il n’utilise pas de bombes de peinture mais frotte avec un chiffon pour retirer la suie des murs. Le sociologue José de Souza Martins explique : « L’œuvre d’Alexandre Orion critique silencieusement notre confortable acceptation de la pollution […] Il gratte la saleté qui s’accroche aux murs, sur nos peaux, dans nos poumons, sur nos yeux […] Entre propreté et saleté, il construit un discours visuel sur nos droits civiques […] Ces images nous parlent d’amour et de haine. Amour des villes dans lesquelles nous vivons ; de celles dans lesquelles nous pourrions vivre ; amour d’une certaine utopie, où la ville appartient à tout le monde et pas à un petit nombre […] Haine parce que la ville est consommée d’une manière prédatrice par ceux qui la salissent, la polluent, crachent dessus. Ceux qui se pensent plus intelligents parce qu’ils s’approprient ce qui ne leur appartient pas. ».

L’idée a également (forcément ?) été reprise quelques marques. Ainsi, IBM a lancé en novembre 2008 une campagne intitulée « Arrêtons de parler, agissons » dont les courts-métrages mettent en scène un collectif de graffeurs utilisant la technique du reverse graffiti pour faire apparaître des vélos, une prise électrique ou des billets de banque en retirant la crasse des murs. Un peu plus tôt la même année, la marque de produits ménagers verts Greenworks finance le Reverse graffiti project : des paysages, des forêts, des prairies sont dessinés sur les murs sales de San Francisco.

Bien sûr, cette technique écolo de communication a été utilisée à de nombreuses autres reprises mais de manière moins pertinente puisque sans rapport avec la lutte contre la pollution. Idem avec les « œuvres » d’un artiste allemand qui dessine… des voitures ! Même électriques, ce sont des automobiles et elles font l’objet de belles campagnes de greenwashing (cf. Renault-Nissan et BMW).

Mathieu Jahnich.

Consultant-chercheur

J’aide les entreprises à relever les défis de la transition écologique grâce à une communication plus responsable.

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